Ma nouvelle fonction intime ne m’empêche pas forcément de faire les choses mais retarde parfois leur mise en oeuvre, c’est vrai. Ainsi, je n’ai vu que très tard ce film que je souhaitais tant aller voir.
Vendredi matin tôt, (9h c’est un peu l’aube pour aller au cinéma, non ?) j’étais ticket en main aux portes de la salle de projection. J’allais enfin voir Boyhood.
J’étais mûre à point. C’était mon dernier jour de congé avant la rentrée, la fin d’une huitaine bousculée par un flot particulièrement violent d’émotions contradictoires, le moment idéal pour m’émouvoir.
Ellar Coltrane, charismatique et doux, est Mason Jr, ce film est l’histoire de la croissance du jeune héros de fiction. C’est moche ce mot, croissance, pourtant je n’en trouve pas de plus juste pour qualifier ce dont je crois qu’il s’agit. Pendant douze ans, quelques jours par an, le réalisateur a réuni les acteurs et repris le fil de la vie de ses personnages là où ils l’avaient laissée.
Ainsi, Richard Linklater a tissé le chemin de l’enfance vers l’âge adulte, de l’innocence vers la conscience, de la dépendance vers l’autonomie.
Le film raconte cela, rien de plus. De tous les accidents de la vie, Mason et sa famille se relèvent, comme en vrai.
Ce projet cinématographique fou de narrer la vie est une audace, un pari et le témoignage d’une sensibilité particulière.
Avec quelle certitude le réalisateur partait-il filmer d’aussi près ce garçon ? Etait-il si absolument convaincu de son potentiel sensible, nécessaire à faire de lui le héros d’une vie, même romancée ?
Le film prend son temps, s’étend sur des détails comme le soir où les enfants font la queue, déguisés, pour être parmi les premiers à lire l’un des tomes d’Harry Potter ou, bien plus tard, quand de jeunes adultes passent une nuit à traîner, amoureux, la vie devant eux, dans une ville qu’ils ne connaissent pas encore pour en oublier d’autres.
A l’image de la vie, il défile à un rythme particulier, faisant se valoir sur le même plan une rupture et une partie de bowling.
Patricia Arquette, la mère de Mason, l’autre personnage principal à égalité avec Ellar Coltrane, son alter ego vers l’apprentissage au fur et à mesure des années d’une autre liberté, a cette phrase terrible le jour où son fils quitte le foyer parental : « I just thought there would be more ».
On se dit qu’elle a tort, on arrive à la fin du film, à la fin de Boyhood et il y a eu tellement, tellement. Pourtant, sa phrase résonne avec justesse. On dirait bien qu’en fait souvent, on a le sentiment qu’il n’y a jamais assez…
Merci pour cet avis éclairé. ça m’a re-donné envie d’aller le voir – pas que je l’avais perdue, juste que je n’ai jamais le temps!! 🙂
Merci et bienvenue par ici ! Ahhh le temps, je comprends. Mais vraiment, il vaut la peine d’en trouver ! 🙂
J’ai envie de plonger dans ce film
C’est dit.
http://www.mademoisellevi.com
C’est bien le mot : une plongée ! Merci d’être passée par ici.
J’ai beaucoup aimé ce film, vu en août dernier.
Beaucoup de résonances avec mon histoire personnelle…
Avez-vous vu par la suite « Mommy » ?
Là aussi j’ai vibré et pleuré durant la séance…
Non, malheureusement, je n’ai pas réussi à aller voir Mommy. Mais je ne doute pas que j’aurais réagi comme vous, je suis très touchée par le cinéma de Dolan…